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Le point de vue d’Israël sur l‘UNRW

L’UNRWA, «United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East» ou «Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient», est actuellement remise en question. Elle a été fondée en 1949 au profit exclusif des réfugiés palestiniens, alors que tous les autres réfugiés de la planète sont placés sous la responsabilité du UNHCR, «United Nations High Commissioner for Refugees» ou «Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés».

L’UNRWA a été fondée lors de l’Assemblée générale de l’ONU du 8 décembre 1949 en tant que programme d’aide temporaire aux réfugiés palestiniens qui, au lendemain de la fondation de l’Etat d’Israël et de l’attaque combinée de ce pays par cinq armées arabes, avaient fui le théâtre des combats en direction de la rive occidentale du Jourdain, de l’Egypte, de la Syrie ou du Liban. Le statut de cet Agence de secours a été régulièrement prorogé par périodes de 3 ans jusqu’à aujourd’hui. L’UNRWA s’occupe actuellement des descendants des réfugiés palestiniens d’origine, à qui le statut de réfugié est automatiquement transmis.

Les critiques exprimées récemment contre les cadres supérieurs de l’UNRWA ont débouché, parmi d’autres, sur une interpellation au Conseil national. La Suisse a par exemple suspendu ses
paiements à cet office de l’ONU.
(RK / Traduction: JAN)

Le point de vue d’Israël sur l‘UNRWA

L’ambassade d’Israël en Suisse a fait connaître le 20 septembre le point de vue officiel d’Israël sur l’UNRWA. L’original en format PDF peut être ouvert sur cette page.

«L’ UNRWA doit se réorganiser ou se dissoudre»

Ceci est l’opinion de l’ancien conseiller général de l’UNRWA James Lindsay (voir image). L’incapacité de cette agence de l’ONU à résoudre le problème des réfugiés palestiniens «est en réalité l’échec de ses bailleurs de fonds» rapporte Lindsay au Jewish News Syndicate JNS. C’est en réalité l’Agence qui définit qui est un réfugié ! Une «pression directe» exercée par les bailleurs constituerait l’approche la plus prometteuse contraignant l’Agence onusienne à entamer sa réorganisation.

Lindsay est le seul ancien haut-fonctionnaire de l’UNRWA qui ait jamais osé émettre une critique du fonctionnement de l’UNRWA, cette agence qui prend soin aujourd’hui de 5.6 millions de réfugiés palestiniens (et de leurs descendants) installés sur la rive occidentale du Jourdain, dans la bande de Gaza, à Jérusalem-est, en Syrie, au Liban et en Jordanie. Il est d’avis que le renouvellement du mandat de l’UNRWA dans les semaines à venir est devenu en quelque sorte une «opération automatique», mais que les pays bailleurs pourraient s’ils le voulaient exercer une influence déterminante sur le processus. Ceux-ci devraient avoir le courage de «faire ce qu’il faut, exercer des pressions et, si nécessaire mettre les responsables dans l’embarras».

Alors que les ministres palestinien et jordanien se rencontraient dans le cadre de la 74ème Assemblée générale de l’ONU et discutaient du renouvellement du mandat de l’UNRWA, Lindsay décrivait les divers problèmes structurels de l’agence nés des présumés et récents abus de fonction par plusieurs de ses hauts-fonctionnaires.

A l’occasion d’une session annexe à la 42ème rencontre du Conseil des droits de l’homme à Genève le 23 septembre, Lindsay s’est attaqué à l’ «Agence anti-israélienne de mauvaise réputation» et a affirmé qu’elle devait soit se réorganiser, soit se dissoudre. Il a rendu le public attentif au fait que la véritable mission de l’UNRWA, «organisation humanitaire et sociale censée offrir une aide directe à des humains dans la détresse» avait désormais passé au second plan. Par exemple, seuls 10% du budget de l’agence sont attribués à la couverture des besoins de base des réfugiés, alors que le reste part vers l’éducation et les soins de santé, qui sont selon lui «des responsabilités gouvernementales». «Il n’y a aucune raison valable pour que les Nations Unies assument ce type d’aide».

Le gros problème structurel qui affecte l’UNRWA est l’absence de toute définition de la qualification de réfugié. Cette agence continue de qualifier de réfugiés des palestiniens qui ont reçu la nationalité de leurs pays d’accueil ; 1.8 million de citoyens jordaniens sont dans ce cas. Pareille définition du statut de réfugié est en totale contradiction avec celle du UNHCR, un Haut-commissariat qui prend pourtant en charge tous les autres réfugiés de la planète.

«Nous devons remettre en question cette définition et l’harmoniser avec les autres définitions», dit-il, ce qui entraîne «un transfert de différentes responsabilités de l’UNRWA à la Jordanie». Lindsay poursuit : «d’un point de vue pratique, je veux supposer que tous les états membres sont convaincus que la définition du réfugié selon l’UNRWA et celle de tous les autres réfugiés de la planète doivent être identiques, ceci pour des raisons juridiques et morales».

Malgré cela, dit Lindsay, «l’UNRWA persiste à identifier à tort comme réfugiés des personnes citoyennes d’un autre état, et à entretenir une atmosphère d’impuissance, et une propension à se voir en victime et à rêver de revanche lointaine chez les palestiniens».

«En n’exigeant pas de l’UNRWA qu’elle adopte la définition de la convention des Nations unies, l’Assemblée générale de l’ONU fait passer la politique avant la morale».

Lindsay poursuit en affirmant que l’incapacité de l’UNRWA à résoudre le problème des réfugiés palestiniens, «aussi en fait l’incapacité de ses bailleurs de fonds», est un obstacle à la paix, tout comme la croyance à un droit au retour chez les palestiniens, un «droit» qu’il qualifie d’«anathème pour les israéliens».

«Dans leur tête, la guerre n’est pas encore finie»
L’ancienne membre de la Knesset Einat Wilf s’en est aussi prise à l’UNRWA le 23 septembre devant le plénum du Conseil des droits de l’homme, en affirmant que les palestiniens avaient kidnappé cette agence après avoir refusé d’accepter le résultat de la guerre de 1948/49 et la création de l’état d’Israël qui en a résulté.

« Le problème central est qu’à leurs yeux la guerre n’est pas encore terminée et que l’état d’Israël n’existe que de manière provisoire. Aussi longtemps qu’ils considéreront Israël comme une réalité provisoire, ils ne signeront jamais un accord débouchant sur la paix. Ils attendront ».

Einat Wilf voit aussi dans les engagements des bailleurs occidentaux, dont la définition de la paix passe par la création de deux états, et qui déversent des fonds dans cette agence sans même tenter de convaincre les palestiniens de mettre à jour leur façon de penser, une forme d’acceptation du fait que l’état d’Israël n’est que passager. C’est une certaine forme de délégitimation d’Israël.

Depuis 2009, rapporte Lindsay, les USA ont été les seuls parmi les états donateurs à émettre des réserves sur le fonctionnement de l’UNRWA ; le président Donald Trump a finalement annulé le versement annuel de 360 millions de dollars à cette agence. Cette décision a forcé les autres états donateurs à accroître leurs versements à l’UNRWA qui, de son côté, a ajouté d’autres critères, tout aussi inappropriés, pour la définition du statut de réfugié.

Lindsay dit son «optimisme prudent» lorsque de nouvelles approches, combinées aux pressions du gouvernement US, permettront aux gouvernements européens et à leurs leaders politiques de comprendre la difficulté d’un financement intégral des opérations de l’UNRWA. Il souhaite une prise de conscience des bailleurs sur la nécessité de procéder à des «changements rationnels» dans la définition du statut de réfugié ou, en cas d’échec, de programmer la dissolution de l’UNRWA dans un délai de cinq ans.


(Jewish News Syndicate JNS, 7.10.2019, «UNRWA must evolve or dissolve, says senior agency official at end of General Assembly»)

(Traduit de l’anglais par Rolf Koch, puis de l’allemand par Jean A. Neyroud)

 

 

 

James Lindsay

James Lindsay, ancien conseiller général de l’UNRWA, prononce un discours le 23 septembre 2019 à Genève dans le cadre d’un forum organisé par UN-Watch (capture d’écran)