Le Conseil Fédéral va examiner les activités et l’interdiction du Hizbollah
Le mouvement chiite-islamiste Hezbollah au Liban est connu pour deux bonnes raisons : d’une part en tant qu’organisation terroriste combattant l’état d’Israël avec tous les moyens dont elle dispose (attaques part des missiles, des matières explosives…), et d’autre part comme membre à part entière du gouvernement libanais. Cette participation a conduit la Suisse à ne pas mettre en question à ce jour l’aile dite « politique » du mouvement. Le plus, le Conseil fédéral (CF) et le parlement étaient d’accord pour n’interdire des organisations comme le Hezbollah ou le Hamas que si elles étaient mises sur une liste d’interdictions de l’ONU. C’est dans cet esprit que le parlement a refusé un postulat du CN Christian Imark (UDC, SO) en 2018 qui demandait l’interdiction du mouvement Hamas ou son classement comme organisation terroriste.
Changement de cap du Conseil fédéral ?
Après l’interdiction par l’Allemagne de toute activité du Hezbollah en avril 2020, les deux CN Marianne Binder et Gerhard Pfister ont déposé deux postulats lors de la session d’été:
«Rapport sur les activités du Hezbollah en Suisse»
«Interdiction des activités du Hezbollah en Suisse»
Le Conseil fédéral est désormais prêt à accepter les deux postulats et à y répondre par un rapport unique. Compte tenu de l’argumentation développée dans le postulat Imark, il semble bien que le CF envisage un changement de cap car le gouvernement avait en son temps refusé les postulats. On ne voit pas non plus au parlement d’opposition à ces motions en ce moment.
Il reste une question : a quel moment le parlement va-t-il traiter les postulats ? Une initiative non combattue est le plus souvent traitée selon une procédure simplifiée, sans discussion, le plus souvent dans le cadre d’un paquet regroupé. Les décisions en cette matière sont prises dans la dernière semaine de la session d’automne, qui se déroulera du 7 au 25 septembre 2020.
Interdiction du Hezbollah en Allemagne
Le 30 avril 2020, le ministre allemand de l’intérieur Horst Seehofer a décidé d’interdire toutes les activités du mouvement Hezbollah. En vérité, le Hezbollah libanais, « parti de Dieu », était déjà interdit, en partie du moins. Son « bras militaire » est défini depuis 2013 comme organisation terroriste par l’Union européenne. Le Hezbollah est tenu responsable de plusieurs attentats sur des cibles israéliennes, américaines et juives. La branche politique, ou le « bras civil » du mouvement se manifeste par des événements culturels, l’action de fondations et de mosquées, et n’est pas interdit dans de nombreux états. La république fédérale était aussi un de ces états, nous dit aussi le journal télévisé deutsche Tagesschau im Bericht zum Verbot.
L’interdiction décidée par notre voisin du nord fait craindre un déplacement des activités du Hezbollah vers la Suisse. Les deux postulats cités plus haut se réfèrent expressément à l’interdiction allemande et demandent des explications à nos autorités en matière de sécurité. La CN Marianne Binder aimerait entre autres savoir si l’on connait en Suisse des personnes liées au Hezbollah, si ce mouvement a eu dans notre pays une activité de blanchissage d’argent sale et si les organisations islamistes présentes en Suisse ont des contacts avec lui. Le CN Gerhard Pfister demande que l’on examine sérieusement la possibilité d’interdire les activités de l’organisation terroriste.
(HO; traduction JAN)