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La «marche du retour» des palestiniens – début de la campagne de confrontation

Le premier jour de protestation des palestiniens de la bande de Gaza, vendredi 30 mars 2018 s'est inscrit dans le cadre du «jour de la terre» (en anglais: land day, en hébreu: iom ha-adama, en arabe:yaum al-ard), que les arabes célèbrent chaque année depuis le 30 mars 1976. Il s'agissait à cette époque d'expropriations en Galilée, dont souffrirent des israéliens arabes. Pour contrer ces protestations, les autorités mirent en place des barrages dès le lundi soir. Les politiciens arabes appelèrent alors à la grève générale et à des démonstrations. Au cours des affrontements avec la police qui s'en suivirent, 6 arabes perdirent la vie et il y eut de nombreux blessés.

Rolf Koch, vice-président et webmaster de l'ASI
(Traduction: Jean Neyroud, vice-président de l'ASI)

Depuis là, cette date est régulièrement marquée par des démonstrations de la population arabe, également dans les territoires gérés par l'Autorité palestinienne. Ces manifestations débouchent souvent sur des accrochages avec les forces de sécurité.

Le «jour de la terre» 42 ans plus tard

Environ 25'000 hommes, femmes et enfants ont suivi l'appel des organisateurs de la manifestation du 30 mars 2018 et se sont approchés très près de la barrière de sécurité sur la frontière avec Israël. Les conducteurs de bus qui refusèrent de transporter des voyageurs ont été arrêtés par les troupes du Hamas.

Les manifestants se sont concentrés sur 6 points de la zone-frontière; ils ont fait rouler des pneus enflammés vers la barrière de sécurité, ont jeté des pierres aux soldats avec leurs frondes et parfois même tiré sur eux. En représaille, les soldats israéliens ont eu recours aux gaz lacrymogènes, épandus parfois à l'aide de drones.

L'armée israélienne avait (et a encore) pour mission d'empêcher que des manifestants franchissent la clôture séparant la bande de Gaza d'Israël. En particulier, il fallait empêcher que le Hamas, qui contrôle actuellement la bande de Gaza, infiltre des troupes en Israël à la faveur de manifestations pacifiques et y commette des attentats.

L'armée avait dès le début des troubles clairement fait savoir qu'elle ne souffrirait aucune entorse à la souveraineté de l'état et qu'elle réagirait à toute atteinte, comme par exemple la destruction partielle de la barrière de sécurité, en ayant recours à des tirs à balles réelles. Elle avait également défini les environs immédiats de la barrière comme une zone militaire interdite d'accès. Comme annoncé, les soldats ouvrirent le feu sur ceux des manifestants qui tiraient sur la troupe et ceux qui incitaient leurs voisins à le faire.

Les photos de nombreux enfants, même de petits enfants, parmi les manifestants démontrent le recours cynique à des civils et des enfants par l'organisation terroriste Hamas. Le Hamas n'hésite pas à manipuler des enfants, est indifférent aux conséquences de leur présence, espère peut être même tirer profit des malheurs qui pourraient leur arriver. C'est ainsi que durant la journée on envoya une fillette de 7 ans à la barrière dans l'espoir de la voir tuée par les balles des soldats; ceux-ci parvinrent à l'extraire du théâtre de l'affrontement et à la renvoyer à ses parents.

Séance spéciale du Conseil de sécurité de l'ONU

Le vendredi soir 30 mars déjà, à 19h42 locales, le conseil de sécurité entra en séance à la demande du Koweit. La séance spéciale, présidée par le hollandais Karel van Oosterom, dura une bonne heure. Le président appela les deux parties à la retenue. Il appela Israël à enquêter avec soin sur les événements survenus. Ceci ne suffisait pas aux délégués du Koweit et de Palestine: ce dernier demanda la mise sur pieds d'une commission d'enquête internationale indépendante. Même le secrétaire général de l'ONU Guterres fit savoir durant la pause de Pâques qu'il souhaitait un rapport indépendant et transparent sur les événements. Le Conseil se montra cependant divisé et se sépara sans avoir pris position.

En réponse à la demande du secrétaire général Guterres, le ministre de la défense israélien Avigdor Liebermann déclara qu'Israël refuserait toute commission d'enquête, car son pays est régulièrement et injustement victime d'un traitement discriminatoire cynique à l'ONU. Il proposa de se tourner plutôt vers le demi-million de morts en Syrie ou encore les centaines de milliers de morts au Yémen, en Lybie et au Soudan.

Le délégué d'Israël s'engagea toutefois à procéder à une analyse interne des événements survenus et signala que les soldats israéliens n'avaient pas simplement tiré dans la foule, mais avaient ajusté des terroristes avec précision. Le seul intérêt d'Israël était de protéger ses citoyens et ses frontières, certainement pas de s'attaquer à des innocents. Aucun autre pays du monde ne laisserait sans réponse une pareille menace sur sa frontière par une organisation terroriste.

Séance sans Israël

L'ambassadeur d'Israël auprès de l'ONU, Danny Danon, déposa une plainte officielle auprès du Conseil de sécurité: le délégué du Koweit, qui défend les intérêts des pays arabes au Conseil aurait été parfaitement été au courant du fait que les israéliens, tout comme tous les juifs du monde, célèbrent ce jour la fête de Pessah. Malgré cela, il aurait insisté pour fixer la séance du Conseil ce jour, pour donner le temps aux palestiniens d'exposer leur point de vue alors que leurs homologues israéliens se trouvaient dans l'impossibilité de participer au débat. «Je souhaite rappeler que l'utilisation abusive des règles de protocole dans le but de permettre à une des parties d'exposer son point de vue, tout en sachant que l'autre est dans l'impossibilité de pouvoir en faire de même, ne correspond pas aux valeurs des Nations Unies et porte atteinte aux principes de base de la mise sur pieds d'une discussion objective", dit le délégué israélien.»

Le point de vue d'Israël

Le représentant permanent d'Israël à l'ONU, ambassadeur Danny Danon, s'est exprimé dans une lettre à l'éditeur parue le 4 avril dans le New York Times; il résume en trois points le point de vue israélien sur la situation dans la bande de Gaza:

«Tout d'abord, nous nous sommes totalement retirés de la bande de Gaza en août 2005, habitants, immeubles, fabriques et synagogues compris. Nous n'avons désormais aucune responsabilité liée au bien-être des habitants de la bande.

Dans les années qui suivirent notre retrait (2005), des milliards de dollars d'aide se sont déversés sur la bande. Le Hamas, au lieu de tenter d'améliorer le sort de la population locale, a très mal utilisé ces sommes, en particulier pour la construction de roquettes et le creusement de tunnels dans le seul but de porter atteinte à Israël et sa population civile. Le Hamas est par ailleurs désigné au plan international comme une organisation terroriste.

En second point, les limitations de souveraineté subies par la population de la bande de Gaza n'expliquent pas la situation qui y règne actuellement. Elles résultent du refus du Hamas de renoncer à la violence. Ceci n'est pas une condition émise par Israël, mais le résultat d'une exigence émise par les USA, l'UE et l'ONU dans le cadre du "Quartett du Moyen Orient". S'il n'y avait pas de terreur, il n'y aurait pas de limitations.

Enfin, la barrière de sécurité qui a été attaquée la semaine dernière sépare un pays indépendant et démocratique et une entité terroriste assoiffée de sang. Nos forces de sécurité ont agi de manière prudente, et la plupart des victimes étaient des terroristes dûment identifiés comme membres du Hamas.

Ce n'étaient pas de «paisibles protestataires». Comme nous en avions informé le Conseil de sécurité la semaine dernière, des terroristes armés se sont infiltrés parmi les manifestants et ont tenté à plusieurs reprises de percer la clôture de sécurité. Quiconque critique Israël doit se poser la question de savoir ce que les forces de sécurité de son propre pays feraient dans le cas où des terroristes armés de fusils et de cocktails-Molotow franchiraient la frontière de son pays.

Le Hamas a déclaré vouloir continuer à s'abriter derrière des femmes et des enfants et à effectuer des attaques de notre territoire. Si la communauté internationale critique Israël et ignore en même temps les vrais facteurs qui provoquent douleurs et peines aux habitants innocents de la bande de Gaza, alors nous sommes en présence d'un sommet de l'hypocrisie.»