Initiatives parlementaires autour de l’UNRWA
L’œuvre d’entraide en faveur des réfugiés palestiniens
L‘ UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees; œuvre d’entraide des Nations Unies en faveur des réfugiés palestiniens) est un programme d’aide « temporaire » des Nations Unies qui, depuis sa création en 1948, a été régulièrement prolongé par l’assemblée générale de l’ONU, récemment encore en 2016. Au contraire de tous les autres réfugiés à travers le monde, qui sont pris en charge par le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR), les réfugiés issus des guerres de Palestine de 1948/1949 ont bénéficié de la création le 19 septembre 1948 du fonds spécial UNRPR (United Nations Relief for Palestine Refugees). Le fonds a été créé dans un but de coordination de l’aide. Comme ce fonds s’est avéré insuffisant, l’assemblée générale des Nations Unies a cré l’UNRWA le 8 décembre 1949. Les quelque 700'000 réfugiés ayant fui ou ayant été chassés de la Palestine sont devenus une population d’environ 5 millions d’âmes à ce jour, car leurs descendants continuent d’être appelés réfugiés de Palestine.
Une interview qui a fait du bruit
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis, chef du département des affaires étrangères (DFAE), s’est exprimé, à l’occasion d’une visite en Jordanie en mai 2018, sur le fait que les familles bénéficiant de l’aide de l’UNRWA représentent en fait la troisième génération de réfugiés, et s’est demandé si le terme de réfugié était encore approprié. De plus, le statut de réfugié palestinien est lié à un droit de retour à la maison qui permet à cette population de rêver d’un retour en « Palestine ». Par conséquent, il ne semble pas réaliste d’envisager l’accomplissement d’un tel rêve pour 5 millions de réfugiés palestiniens actuels, mais l’UNRWA maintient cet espoir. Le conseiller fédéral Cassis se pose la question de « savoir si l’UNRWA est une partie de la solution ou une partie du problème ? »
Il conclut de la manière suivante : « Elle est l’un et l’autre. Longtemps elle a été la solution, mais elle est maintenant une partie du problème, et fournit la munition pour son maintien en continu car, aussi longtemps que les palestiniens vivront en camps de réfugiés, ils rêveront d’un retour à leur patrie. En soutenant l’UNRWA, on perpétue le conflit. Il s’agit d’une logique perverse car tous veulent mettre un terme au conflit. Pour cette raison, l’assemblée générale de l’ONU devrait entreprendre une étude sérieuse de ce problème.
La discussion politique se met an place
Ce qui fut dit au cours de cette interview a déclenché une controverse politique sur l’UNRWA, et en particulier une remise en question du soutien financier accordé à cette institution par la Suisse.
Les discussions ont encore gagné en intensité après la décision du président US Trump de supprimer le très important soutien financier de ce pays à l’UNRWA, suivie d’un appel de cette organisation aux autres pays contributeurs à compenser l’aide financière perdue.
Interventions parlementaires déposées
La conseillère nationale Eichenberger-Walther et ses neuf cosignataires ont posé plusieurs questions dans leur interpellation, concernant la poursuite de l’aide financière à l’UNRWA et les rumeurs persistantes d’antisémitisme attribuées à cette organisation d’entraide.
Le texte de la motion du conseiller national von Siebenthal et de ses huit cosignataires n’est pas encore consultable sur le site web du parlement fédéral.
Le conseiller national Nantermod et cinq cosignataires ont demandé un rapport sur l’UNRWA, en particulier sur son développement au cours du temps, sur la position de la Suisse par rapport à cet organisme d’entraide, sur le détail de son financement régulier, sur l’analyse des critiques faites à l’UNRWA (antisémitisme…), sur le statut des réfugiés palestiniens comparé à celui des réfugiés d’autres régions en conflit et enfin un bilan d’action et une étude prospective.
Dans sa prise de position du 15 août 2018, le conseil fédéral déclare se réjouir de l’opportunité d’une discussion de fond sur la collaboration de longue durée avec l’UNRWA et ses perspectives futures et recommande au parlement d’accepter le postulat (son traitement par le premier conseil, soit le conseil national, est en ce moment à l’étude).