Un monde à l'envers
Belle assistance à la CILV pour entendre Isaac FRANCO nous parler d'un monde qui ne semble plus tourner très rond. Notre orateur est d'origine italienne et vit en Belgique. Il est très actif à la ligue contre l'antisémitisme et dans la coordination des organisations juives ainsi qu'à la fort connue Radio Judaïca où il anime plusieurs émissions, notamment "Cherchez l'erreur" tous les lundis de 17.00 à 18.00.
En ce dernier jour de janvier, il est encore difficile de savoir comment le conflit entre Israël et le Hamas va finir. Il est paradoxal que beaucoup s'interrogent sur le droit d'Israël à la légitime défense, c’est-à-dire sur son droit à combattre la terreur qui s'est abattue sur lui ; ce questionnement étonne car nous sommes en présence d'un pogrom digne des nazis, d'une attaque délibérée et de la mise en danger des populations civiles qui ne choquent pas comme ils le devraient. Sommes-nous dans un monde à l'envers ?
Ce sont la naissance, le développement et les succès répétés d'Israël qui surprennent: comment cet état a-t-il survécu dans un environnement hostile permanent? L'idéal sioniste a soudé des femmes et des hommes vers la réalisation d'un projet historico-religieux sans précédent connu. Les chances étaient faibles dans un monde chrétien qui ne s'est que récemment réconcilié avec le judaïsme, et au milieu d'un monde arabe viscéralement opposé à une présence juive dans une région abusivement considérée comme sienne. Isaac Franco nous décrit une situation où un règlement rapide espéré est devenu illusoire après le 7 octobre : nous nous trouvons dans un monde qui demande en permanence à Israël de se justifier, mais qui omet de manière presque systématique de demander des comptes au Hamas et à ses alliés.
Israël est solidement établi. En face, palestiniens, le monde arabo-musulman et ses alliés ont convoqué tous les mythes anti-juifs ; ils forment une nébuleuse qui, en vérité, refuse de reconnaître une certaine autorité morale à Israël. Ce refus a pris un tour terrifiant avec le pogrom du 7 octobre, et un gouffre sépare désormais Israël des barbares. C'est pourquoi la trop souvent invoquée "solution à deux états" est depuis ce jour devenue une vue de l'esprit, du moins pour un certain nombre d'années. Qui accepterait de demeurer à proximité de terroristes ?
La question des territoires, occupés ou non, cristallise les passions, mais c'est une mauvaise question. La véritable question porte sur la conception d'un monde réparé (en hébreu : Tikun Olam) : Si Israël semble capable de mettre en place à terme un système apaisé de relations avec ses voisins, cela n'est pas le cas d'un monde arabo-musulman qui n'a pas encore intégré la présence définitive d'Israël dans la région, qui est responsable du maintien de millions de palestiniens dans l'état de descendants de réfugiés, de génération en génération, et qui refuse toute avancée politique utile.
On dissertera longtemps encore sur les autres responsables de cet état de fait. Il y en a beaucoup, à commencer par l'UNRWA, cette institution onusienne vouée à la perpétuation du statut de réfugié excluant tout espoir d'intégration durable. La Cour pénale internationale (CPI) à qui on ne soumet que des dossiers à charge contre Israël, n'est pas en reste. C'est encore au nom d'un opportunisme cynique que beaucoup de nations optent pour une l'hostilité envers Israël.
Les accords d'Abraham ont suscité de grands espoirs : c'était une approche politico-économique soutenue par les USA, qui envisageait la mise en place de relations commerciales, financières et culturelles entre Israël et ses voisins sur un plan moderne, qui aurait lentement effacé les affrontements fratricides pour le plus grand profit de tous. Jalousies, malveillance et haines ont provoqué l'ensablement des accords.
Et Maintenant ? Isaac Franco est dubitatif. En soutenant le terrorisme du Hamas, les palestiniens et leurs amis arabo-musulmans perpétuent le conflit. Ils doivent comprendre cela et admettre enfin l'existence d'Israël et s'en accommoder. A cause du mal qu'ils viennent de commettre, la réparation de ce monde à l'envers régional prendra beaucoup de temps.
Lausanne, Jean Auguste Neyroud