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CHRETIENS AMIS DES JUIFS ET D’ISRAEL AU COURS DES SIECLES

Conférence par l’Abbé Alain ARBEZ, 3 mai 2023

C’est Christophe Verdan qui présente notre orateur du jour devant une belle assistance au Centre communautaire de la CILV. Alain Arbez est un retraité encore très actif. Sa formation en théologie et en éducation sociale l’a conduit à occuper une longue série de postes : foyer genevois de St Justin, œuvre d’entraide à Madagascar, responsable d’une paroisse genevoise, aumônier de prison, ambassadeur du dialogue judéo-chrétien sous le motto réconciliation, et de nombreuses autres activités le plus souvent assurées simultanément. La condition de retraité « officiel » ne semble pas modérer son zèle.

L’histoire des relations entre juifs et chrétiens est une histoire de 2000 ans d’affrontements théologiques qui ont souvent dégénéré en franche hostilité. Malgré cela, il est resté entre les deux groupes un lien fraternel que les aléas de l’histoire n’ont pas réussi à briser. ʺ L’an prochain à Jérusalem ʺ, c’est l’expression consacrée chez les juifs, mais on oublie trop souvent que cela concerne aussi les chrétiens, qui confirment ainsi leur ancrage aux sources judaïques. Ainsi, Israël possède sa propre légitimité chrétienne, il est une part de la promesse divine.

Depuis des siècles, et pour beaucoup de chrétiens, le peuple juif devait un jour retourner à sa terre. Certains mystiques du XVIème siècle prédisent déjà le retour et l’établissement des juifs en Israël ; de nombreux témoignages, protestants et catholiques rappellent que, s’il est resté dispersé en exil durant de longues années par volonté divine, il va cependant se retrouver dans son lieu originel. Cette foi dans un retour est d’ailleurs déjà exprimée dans le livre de Zacharie (8/23) : ʺ En ces jours-là, dix hommes de toutes langues, de toutes nations, saisiront le pan de l’habit d’un juif en disant Nous voulons aller avec vous car nous avons entendu dire que Dieu est avec vousʺ.
La lecture de la bible (ʺ ancien testament ʺ) est une pratique courante chez les protestants, elle l’était moins chez les catholiques, mais cela a changé avec le Concile Vatican II, qui recommande la lecture de la bible à la messe. Le pape Benoît XVI l’a aussi rappelé en 2001 lorsqu’il a défini le peuple juif comme la source et qu’il a encouragé à lire la bible dans cet esprit. 

L’idée d’un retour du peuple juif dans sa patrie d’origine a suscité beaucoup d’espérances dans les pays européens, mais aussi déclenché la haine, manifestée par de nombreux pogroms en Europe orientale surtout. Du côté de l’espérance, Darby, évangéliste du XXème, prône avec de nombreuses autres congrégations protestantes un rétablissement dans ce qui s’appelle alors la Palestine. Henri Dunant, fondateur de la Croix rouge, milite lui aussi pour un repeuplement juif. C’est dans ces idées venues de l’Europe du XIXème que Theodor Herzl va trouver un terreau fertile pour son rêve exprimé dès 1897.

Dans les années 1920, la Palestine est colonisée par les Britanniques. Il est remarquable que de très nombreux hommes politiques britanniques aient vu d’un bon œil le retour d’une diaspora juive en Palestine ; ils étaient motivés en cela par leurs convictions chrétiennes et leur volonté de lutter contre l’antisémitisme. Lord Balfour et Lloyd George par exemple, comme l’écrivain Paul Claudel et d’autres encore en ont témoigné.

Après la deuxième guerre mondiale, des pays sont nés au Moyen-Orient, dont Israël et le Liban, le premier comportant une majorité juive, et le second une majorité chrétienne, du moins au début. Dans la poursuite du concept de foyer national cher à Balfour, le dialogue interreligieux aurait trouvé là un terreau fertile.

Notre orateur ne s’aventure pas dans les réalités géopolitiques et préfère se limiter à un domaine où il excelle : l’approfondissement du dialogue et de la communion entre juifs et chrétiens. Ce fut un très intéressant moment, qui nous a permis de mieux comprendre le lien profond qui relie beaucoup de communautés chrétiennes à Israël.

Jean Auguste Neyroud