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EST-IL PERMIS DE DEFENDRE ISRAËL ?

Conférence par Jean François AMBLARD, 20 juin 2023

C’est un orateur déjà connu qui nous rejoint ce soir à la CILV : Jean François Amblard nous avait déjà donné une belle conférence en 2016, sur le thème de la réconciliation franco-allemande après la deuxième guerre mondiale, comprenant une analogie avec la possible réconciliation entre israéliens et palestiniens.

J. Fr Amblard a fait ses études à Lyon et Paris, puis s’est déplacé vers le Sud, à Pau. Il se consacre à l’enseignement et possède des talents d’écrivain et de poète. Il est de culture catholique, et s’est engagé pour Israël de diverses manières, premièrement en fondant la section locale de l’Association France-Israël. Il a encore séjourné en Israël à plusieurs reprises, où il a été actif dans diverses missions sociales volontaires.

A Pau et dans la région, il est parfois difficile de prendre des positions sur Israël qui ne sont pas « dans la ligne ». Dans l’administration française par exemple, une prise de position dérangeante peut déboucher sur un signalement qui est susceptible de remonter jusqu’au ministre, et parfois de redescendre sous forme de blâme à l’intéressé ou, plus sournoisement, sous forme d’un certain ostracisme : on ne vous consulte plus car on pense que vous n’êtes pas dans la ligne de la bien-pensance. Il y a en France des choses que l’on n’ose plus dire publiquement, comme critiquer l’action du Grand Mufti de Jérusalem dans les années 30 et 40 ! La presse et une partie de l’opinion publique sont critiques vis à vis d’Israël, par principe. Dit de manière positive, ces nuisances donnent l’occasion de se frotter à la « partie adverse » et de la contredire.

En ce qui concerne Israël, nos adversaires arrivent très rapidement à remettre en question la légitimité du pays, et il faut disposer des bons arguments pour rétablir les faits, combattre les idées préconçues et réexpliquer la géopolitique actuelle à l’aide de faits historiques que beaucoup sélectionnent à leurs manières pour accabler le pays. C’est un dialogue difficile, il faut apprendre à faire face.

Plusieurs accusations simplistes reviennent souvent dans les débats. Amblard les énumère et les commente :

  • Dans leurs relations avec les Palestiniens, les Israéliens sont pires que les nazis ! Cette violente accusation ne tient pas, ses auteurs eux-mêmes le savent, ce qui ne les empêche pas de la proférer. Où peut-on voir des camps de concentration en Israël ? Quelles populations sont-elles déplacées de force ? Quels groupes sont-ils physiquement éliminés ? Où sont les ghettos ? Il est vrai que certaines confrontations débouchent sur des « civils » tués, mais on reste très loin des tueries nazies, et les efforts des forces armées israéliennes pour épargner au maximum la population civile non concernée sont dignes d’éloges. Les adversaires d’Israël préfèrent ne pas s’appesantir sur ce respect israélien.
  • Israël massacre les Palestiniens ! On oublie volontiers que, dans le décompte des victimes, beaucoup plus de Palestiniens ont été tués par leurs frères arabes que par les Israéliens. Se souvient-on du « Septembre Noir » jordanien en 1970 ? Du massacre des réfugiés du camp de Sabra/Chatila par les milices chrétiennes libanaises ? Des exactions syriennes au Liban ?
  • Des heurts entre miliciens chiites et sunnites ? Ces rappels sont pénibles, et cette sorte de concurrence mémorielle est clairement à l’avantage d’Israël.
  • Israël refuse de faire la paix, contrairement aux Palestiniens, qui la souhaitent ! Sur ce point, l’histoire est édifiante : on ne compte plus les offres de paix israéliennes, et les refus arabes, à commencer par le Triple Non arabe après la guerre des six jours de 1967. Cependant, les Palestiniens cultivent leur image de victimes malheureuses. C’est un fait difficile à comprendre en France : la fameuse Nakba est mentionnée sans aucune réserve, de vrais terroristes sont faits citoyens d’honneur !
  • Les Palestiniens veulent rentrer chez eux ! La question soulève les passions. Il convient d’affirmer en préambule que la création de l’Etat d’Israël a été décidée par l’ONU, qui souhaitait remplacer le mandat britannique sur la Palestine par un partage en deux entités, une Israélienne et une Palestinienne. Il y a actuellement un état d’Israël et un embryon d’Autorité Palestinienne. Il y a eu 750'000 juifs chassés des pays arabes dès 1948 pour la plupart réinstallés en Israël, et 750'000 réfugiés ayant fui la Palestine mandataire et ayant été parqués dans des camps où ils se sont multipliés pour atteindre le nombre de 5 millions en ¾ de siècle. D’un côté le problème des réfugiés juifs a été résolu, de l’autre il est devenu un casse-tête par la faute exclusive des pays arabes. Notons aussi, comme l’a relevé un participant, que les arabes eux-mêmes ont été des conquérants avides, initialement installés en Arabie Saoudite, et ayant conquis les terres jusqu’au Maroc et en Afghanistan !
  • Parallèle entre Nakba et Shoah ! Ce parallèle est impossible, limite blasphématoire. Chacun le sait, mais beaucoup osent le faire.

Amblard nous rappelle encore certaines réalités, comme le cynisme de nombreux états occidentaux, soucieux de préserver leurs juteuses relations commerciales avec les pays arabes. Ou encore le manque de soutiens arabes à leurs frères palestiniens, opportunément instrumentalisés pour cacher leurs propres carences. Le temps a hélas manqué pour évoquer la situation actuelle à l’intérieur d’Israël, ainsi que la nouvelle situation créée par les accords dits d’Abraham avec plusieurs pays arabes.

Pour terminer notre conférencier nous dit un mot de sa section de France-Israël : son activité est réduite : les membres vieillissent, plusieurs sont partis en Israël, d’autres sont revenus. Cela n’empêche pas la section d’organiser, avec l’aide de l’ambassade, diverses expositions et manifestations.

Lausanne, le 21 mai 2023

Jean Auguste Neyroud