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Bande de Gaza: Les démonstrations «pacifiques» à la frontière avec Israël

Les violences ont diminué à la frontière entre la bande de Gaza et Israël. Le leader du Hamas Yahya Sinwar attendait plus de 50'000 manifestants le vendredi 8 juin à la frontière d’Israël, mais seulement 10'000 se présentèrent. Et cela le jour anniversaire de la guerre des six jours de 1967 (5-10.6), au terme de laquelle la Jordanie perdait Jérusalem-est et la Cisjordanie, et l’Egypte la bande de Gaza. Le vendredi suivant (15.6.18), il y avait encore 2000 «manifestants», mais maintenant, ce sont des cerfs-volants chargés de matériel incendiaire et explosif qui menacent le sud d’Israël.

Par Rolf Koch, vice-président et Webmaster de l‘ASI
Traduction par Jean Auguste Neyroud, vice-président de l'ASI

La révolte avait commencé le 30 mars 2018, lorsque que 25'000 palestiniens hommes femmes et enfants, et parmi eux plusieurs extrémistes du Hamas, s’approchèrent de la frontière avec Israël. Ce qui avait été initialement annoncé comme une protestation de la population civile palestinienne vit son objectif détourné par l’organisation terroriste Hamas, qui règne sur la bande de Gaza. Le mouvement Hamas prétendit qu’une manifestation «pacifique» avait eu lieu, et que ses participants avaient été accueillis par des tirs à balles réelles venant des forces de sécurité israéliennes. L’opinion publique mondiale, en particulier l’ONU et la majorité de ses membres, reprit sans nuance cette interprétation.

Le Hamas, dont le but affirmé est la destruction de l’état d’Israël par la lutte armée, utilise deux tactiques: dans la première, elle appelle des manifestants à accourir et franchir la frontière avec Israël, tout en noyant dans cette masse quelques terroristes chargés de procéder à des attentats sur sol israélien; dans la seconde, elle lance ses combattants dans des attaques des forces de sécurité israéliennes afin de pénétrer sur le sol israélien. A cette occasion, elle lance pierres et objets explosifs sur les soldats. Le but final est une pénétration dans des villages israéliens proches de la frontière suivie d’attentats et de prises d’otages (figure 1).

La mission de l‘armée (Israel defense force, IDF) est d’empêcher tout franchissement de frontière, en recourant aux armes si nécessaire.

Voir aussi:  Jours de paix – Jours tragiques (15.5.2018)

Fonctionnaire du Hamas: «50 des 62 tués sur la frontière étaient membres du Hamas»

Sur le calendrier grégorien, le 14 mai est la date de la création de l’état d’Israël. Cette année 2018 est donc un septantième anniversaire. Par ailleurs, c’est ce lundi que les USA ont officiellement transféré leur ambassade de Tel Aviv à Jérusalem. Les violences le long de la barrière-frontière de la bande de Gaza avec Israël ont été particulièrement élevées: selon la source à laquelle on se réfère, entre 58 et 62 palestiniens ont perdu la vie.

Le jour suivant, le Dschihad islamiste publia une mise au point précisant que 3 des 62 morts étaient membres de la branche militaire de cette organisation.

Trois jours après les violences (mercredi 16 mai), Salah Al-Bardawil, membre du bureau politique du Hamas, a reconnu dans une interview sur la chaîne palestinienne Baladna-TV qui émet depuis la bande de Gaza, que 50 des morts étaient des membres du Hamas – et portent désormais le nom de martyrs. Le journaliste s’est étonné auprès de Al-Bardawil du fait que la population de la bande de Gaza pleure la mort d’enfants alors que le Hamas en retire une gloire. Réponse de Al-Bardawil: «50 des martyrs venaient des rangs du Hamas. Comment peut-on affirmer que le Hamas en retire un bénéfice après avoir payé un prix si élevé? Quels gains le Hamas a-t-il encaissé? 50 martyrs …». Lorsque le journaliste a demandé des précisions sur le nombre de morts, Al-Bardawil a précisé: «Je vous donne un nombre officiel: 50 des martyrs de la dernière bataille venaient des rangs du Hamas. Dans les précédents combats, plus de la moitié des martyrs appartenaient au Hamas. En quoi cela profite-t-il au Hamas?»

Avec de telles déclarations, l’organisation terroriste contredit ses propres affirmations précédentes relatives à la présence sur la frontière de manifestants civils et non-violents.

Hamas Political Bureau Member Salah Al-Bardawil: 50 of the Martyrs Killed in Gaza were from Hamas, 12 Regular People
MEMRI, 16.5.2018,
Vidéo, 2.20 min.

Le bébé mort a été «acheté»

Un autre exemple de l’acharnement du Hamas contre Israël est l’histoire de la petite Leila Al-Ghandour, un bébé de huit mois. Les quelque 60 palestiniens qui perdirent la vie (voir article précédent) dans des manifestations massives furent comptés au nombre des victimes de démonstrations «pacifiques» et dûment instrumentalisés par les services de relations publiques du Hamas: ils auraient – a-t-on dit – trouvé la mort sous l’effet des gaz lacrymogènes lancés sur eux par Israël.

Quelques jours plus tard, un médecin palestinien, qui a souhaité rester anonyme, affirma devant l’Associated Press que l’enfant souffrait déjà d’une maladie au moment de la manifestation et n’aurait par conséquent pas succombé aux gaz lacrymogènes. 14 jours plus tard, l’autorité sanitaire de Gaza déclara avoir retiré le nom de l’enfant de la «liste des personnes tuées par l’armée israélienne». La famille de l’enfant déclara même au New York Times que son enfant avait succombé à une malformation cardiaque prénatale, qu’elle avait «un trou dans le cœur» (patent ductus arteriosus).

Mais cela ne suffisait pas encore: le cousin de Leila, Mahmud Omar, membre de la «brigade des martyrs Al-Aksa» (une unité terroriste du Fatah), affirma que le leader du Hamas Yahya Sinwar aurait payé la famille pour qu’elle maintienne la version de la mort de l’enfant causée par les gaz lacrymogènes. En réalité, la petite fille souffrait d’un défaut congénital au cœur, qui a eu une suite fatale.

Hamas paid Leila al-Ghandour's family to blame Israel for her death
Vidéo, ministère israélien des affaires étrangères (en anglais)

La plupart des «victimes» palestiniennes étaient des extrémistes du Hamas

Entre le 30 mars et le 14 mai, 112 palestiniens ont trouvé la mort à la frontière d’Israël. Un examen détaillé des noms des 112 victimes par le Intelligence and Terrorism Information Center (ITIC) a montré que 93 d’entre elles étaient des terroristes du Hamas ou des personnes identifiées comme liées à des organisations terroristes: ceci correspond à 83% des victimes de cette «marche du retour». L’identité des 19 victimes restantes n’a pu être déterminée. Il pourrait s’agir de militants du Hamas ou de civils appartenant à des organisations de moindre importance. Tel est le résultat des travaux de l’ITIC.

L’acheminement de l’aide n’est pas le bienvenu

Israël ne se considère pas en guerre avec la population de la bande de Gaza, mais bien avec les organisations terroristes comme le Hamas et le Djihad islamiste. Tenant compte des nombreux blessés au lendemain des événements violents survenus, Israël a livré le 15 mai à la bande de Gaza huit camions chargés de biens humanitaires, dont deux contenant des équipements médicaux. Ce matériel a été mis à disposition par l’Autorité palestinienne, l’UNICEF et l’armée israélienne, au passage-frontière de Kerem Shalom. Le Hamas a immédiatement refusé la livraison.

Des cerfs-volants et des ballons jettent le feu hors de la bande de Gaza

Une nouvelle tactique des manifestants «pacifiques» de la bande de Gaza consiste à profiter des vents d’ouest pour entraîner vers Israël des cerfs-volants et des ballons munis de dispositifs incendiaires dans le but de déclencher des incendies sur le territoire israélien (figure 2).

Depuis le début des manifestations devant la barrière-frontière, on a dénombré plus de 300 incendies volontaires sur le territoire israélien, déclenchés à l’aide de simples cerfs-volants. L’agence d’information israélienne «Ynet» a avancé le chiffre de 25 kilomètres carrés de surfaces consumées. L’armée signale aussi que plusieurs objets volants incendiaires étaient équipés de dispositifs explosifs très dangereux pour la population israélienne limitrophe.

A la fin de la semaine dernière (15/16.6), la terreur par le feu prit une nouvelle dimension: ce ne furent pas les 5000 cerfs-volants et ballons incendiaires annoncés par le Hamas qui franchirent la frontière, mais plutôt une quantité suffisante pour déclencher simultanément 20 départs de feu en Israël le long de la frontière.

Une des raisons expliquant la non-réalisation de cette menace majeure pourrait être la fête du Eid al-Fitr, qui met un terme au mois de jeûne du ramadan; l’Eid est traditionnellement un moment de visites familiales et de repas festifs où les enfants reçoivent des cadeaux. Il est aussi possible que le championnat mondial de football en Russie ait détourné l’attention générale vers des matches où deux équipes arabes étaient en compétition.

La chaleur extrême (qui atteignit 450C le samedi 16 juin au centre d’Israël) a compliqué la tâche des pompiers chargés de maîtriser les feux causant de graves dommages naturels. En plus des champs de cultures et des forêts, de nombreux animaux succombèrent aux flammes. On assista par exemple à l’incendie de ruches d’abeilles près de la frontière (figure 3).

Israël se met en position défensive

Après avoir tenté au début de dissuader les incendiaires par des coups de semonce, les forces de sécurité israéliennes ont eu recours à des drones. Pour la première fois le samedi 16 juin, des «objets volants» armés furent dirigés vers un groupe de terroristes et entrèrent en action contre des personnes activant des cerfs-volants et des ballons; ainsi l’annonça Tsahal. De Gaza sortit plus tard l’information que l’opération avait coûté deux blessés.

Un porte-parole de l’armée israélienne annonça: «Il y a quelques jours, l’armée a lancé un avertissement à la partie adverse puis procédé à plusieurs attaques de groupes proches de cerfs-volants. L’armée interviendra désormais avec une intensité accrue contre ces actes de terreur, et avec divers moyens. L’organisation terroriste Hamas est responsable de ce qui se passe dans la bande de Gaza et doit en assumer les conséquences».

Feux dans des cultures provoqués par des incendiaires palestiniens
Ynet, 16.6.2018
Video, 0:39 min

L’ambassade d’Israël a publié des dossiers (en allemand) sur la marche du retour, la campagne de confrontation du Hamas contre Israël et la «terreur par le feu» des cerfs-volants.

Le Hamas ne sème rien d’autre que la destruction
Vidéo du ministère israélien des affaires étrangères (en anglais)

Traduction:
La Charte du Hamas, et ses dirigeants, demandent la disparition d’Israël. Depuis le mois de mars, des terroristes du Hamas provoquent des incendies et de gros dégâts dans les cultures et les réserves naturelles des villages proches de la frontière. Ces terroristes palestiniens ont envoyé des centaines de cerfs-volants munis de dispositifs incendiaires et de ballons chargés d’explosifs vers Israël. Ils ciblent des objectifs civils dans la ferme intention de provoquer un maximum de dégâts. Des centaines de cerfs-volants porteurs de feu sont partis de la bande de Gaza, qui ont provoqué plus de 400 incendies dans le sud d’Israël. Le Hamas met toute son énergie dans la promotion de la terreur, de la haine et de la violence contre Israël, ce mouvement ne sème rien d’autre que la destruction.

Ballons de la paix contre cerfs-volants de la terreur

Les enfants israéliens et leurs parents vivant aux abords de la bande de Gaza ont lancé une action extraordinaire durant le week-end passé (15/16 juin) contre les perpétuelles attaques palestiniennes par des cerfs-volants et des ballons incendiaires ou explosifs. Les dégâts provoqués par les incendies sont très élevés, surtout pour les activités agricoles de la région.

Le kibboutz Nir Am est l’une des communautés frontalières dont les champs ont été dévastés par les cerfs-volants et ballons enflammés ou explosifs du Hamas, dans sa campagne de protestation appelée «marche du retour». Les membres de ce kibboutz ont décidé de prendre les choses en mains. Avec leurs enfants, ils se sont réunis le samedi et ont eux aussi préparé des ballons qu’ils ont lancé en direction de Gaza; au lieu de dispositifs incendiaires, les ballons transportaient des salutations pacifiques et des friandises (Figure 5).

Dan Poraz, ambassadeur d‘Israël en Norvège, a tweeté: «Les enfants de Gaza, victimes innocentes du régime barbare du Hamas, ont le droit de savoir que les enfants en Israël ne les haïssent pas».

Ce même samedi, les membres du kibboutz ont replanté les bosquets détruits par les feux, suivant la devise «Ils détruisent par le feu, et nous replantons».

L’Assemblée générale de l’ONU condamne Israël

Dans sa séance urgente du mercredi 13 juin 2018, l’Assemblée générale de l’ONU a rendu Israël responsable des actes de violence dans la bande de Gaza à la frontière d’Israël. Elle a attribué dans sa résolution 12028 la totalité de la responsabilité à Israël en raison du «recours excessif, disproportionné et brutal à la force contre les palestiniens» (qui s’étaient pourtant attaqués aux forces de sécurité israéliennes et avaient tenté de démanteler la barrière-frontière pour pénétrer en Israël). remarque de RK.

Voici le texte original anglais de cette résolution: «(The General Assembly) 2.deplores the use of any excessive, disproportionate and indiscriminate force by the Israeli forces against Palestinian civilians in the Occupied Palestinian Territory, including East Jerusalem, and particularly in the Gaza Strip, including the use of live ammunition against civilian protesters, including children, as well as medical personnel and journalists, and expresses its grave concern at the loss of innocent lives.»

Au point 4, «(L’Assemblée générale) regrette toutes les actions qui génèrent la violence et mettent en danger l’intégrité des populations civiles ; elle demande à tous les acteurs de faire en sorte que les manifestations restent de nature pacifique». (on remarquera le mot «restent», remarque de RK).

Au point 5, «(L’Assemblée générale) regrette également le lancement de missiles de la bande de Gaza vers le territoire israélien», mais renonce évidemment à citer par leurs noms leurs auteurs issus des rangs du Hamas et du Djihad islamiste.

Au point 9, l’Assemblée générale «demande un examen des mesures propres à assurer la sécurité et la protection de la population civile palestinienne dans les territoires palestiniens occupés, bande de Gaza inclue». (Qui occupe la bande de Gaza? Celle-ci a été évacuée en 2005 ! remarque de RK)

Au point 15, l’Assemblée générale demande à son secrétaire général «d’examiner la situation actuelle et de rédiger le plus rapidement possible, mais au plus tard 60 jours après l’acceptation de le présente résolution, un rapport écrit contenant entre autres ses propositions sur les méthodes et les moyens propres à assurer la sécurité, la protection et le bien-être de la population civile palestinienne sous occupation israélienne, ainsi que ses recommandations en vue de l’instauration d’un mécanisme protecteur international».

La résolution a été présentée par l’Algérie, la Turquie et l’«état de Palestine» (selon la terminologie de l’ONU); elle a pour titre la «Protection de la population civile palestinienne».

UN GA Resolution 12028 (en anglais)

UN GA - Meeting's coverage (en anglais)

Rejet de la motion de modification par les USA

La résolution a été acceptée après que l’assemblée a rejeté une motion de modification par les USA qui demandaient aussi une condamnation du Hamas pour ses envois répétés de missiles vers Israël et ses incitations à la violence aux abords de la barrière-frontière. Dans leur demande, les USA exigeaient que le Hamas mette un terme à toutes ses activités violentes et faisaient part de leurs craintes après la destruction du point de passage de Kerem Shalom par les activistes de Gaza.

Dans sa présentation, la représentante des USA, l’ambassadrice Nikki Haley, s’est étonnée que les délégués algériens présentant leur projet de résolution n’aient même pas mentionné une seule fois le Hamas. L’honnêteté est ainsi sacrifiée au profit d’un agenda politique à courte vue mettant exclusivement la faute sur Israël.

Résultat du vote

Le projet de modification soumis par les USA a été accepté par 78 voix contre 59 et 26 abstentions; la Suisse l’a accepté. Mais le président de l’Assemblée générale de l’ONU a déclaré que la motion n’avait pas récolté la majorité des deux tiers des voix, et qu’elle était par conséquent rejetée.

Finalement, la résolution 12028 a été acceptée par 120 voix, dont celles de beaucoup de pays européens, dont la France, la Belgique, l’Espagne, le Portugal, la Suède, l’Irlande, l’Islande, la Grèce, la Finlande et l’Estonie. La Suisse a aussi voté la résolution.

Huit états ont refusé la résolution : Israël, les USA, l’Australie et le Togo, ainsi que les petits états-Ile des Iles Marshall, de la Micronésie, de Nauru et des Salomon. Il y eut 45 abstentions, parmi lesquelles celles de l’Allemagne et de l’Autriche.

Justification du vote suisse par le DFAE

La délégation suisse à l’ONU a justifié son vote selon le département fédéral des affaires étrangères, DFAE par le fait qu’il existe à l’Assemblée générale un consensus sur l’importance fondamentale de la protection de la population civile et sur la nécessité impérative de trouver une solution politique au conflit.

Par ailleurs, la Suisse a très fermement critiqué les attaques arbitraires du Hamas sur des cibles civiles israéliennes, qui sont contraires aux droits humanitaires des peuples; elle a ajouté qu’elle aurait préféré une formulation qui aurait clairement mentionné la responsabilité du Hamas; pour cette raison elle a voté pour la motion de modification de la résolution soumise par les USA. La Suisse a en outre invité toutes les parties en cause à prendre des mesures immédiates conduisant à une désescalade, afin d’abaisser les tensions et d’adopter une certaine retenue dans le but d’éviter de nouvelles pertes humaines.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Figure 1: Violences à la frontière entre la bande de Gaza et Israël (Israel Defense Forces)

Figure 2: Incendies volontaires à l’aide de cerfs-volants (Israel Defense Forces)

Figure 3: Ruches et abeilles en feu dans le sud d’Israël (Service israélien des parcs et de la nature)

Figure 4: Cerfs-volants en feu quittant la bande de Gaza (ministère israélien des affaires étrangères)

Figure 5 : Au kibboutz Nir Am, petits et grands lancent vers Gaza des ballons chargés de friandises en lieu et place de produits incendiaires ou explosifs (capture d’écran, Hadashot TV news)